Formation et intelligence artificielle : ce que préconise le rapport IA

La commission de l’intelligence artificielle a remis ses conclusions au président de la République le 13 mars 2024. Parmi les 25 recommandations, trois concernent la formation initiale et continue, et se déclinent en une série de mesures. Décryptage.

Au terme d’un travail de six mois, la commission de l’intelligence artificielle a remis au président de la République, le 13 mars 2024, un rapport intitulé « IA : notre ambition pour la France » avec 25 recommandations. L’objectif ? faire de la France un acteur majeur de la révolution technologique de l’intelligence artificielle (IA).

Cette commission est coprésidée par Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’ENS et Philippe Aghion, professeur au Collège de France et économiste. Elle est composée d’une quinzaine d’experts dont Yann LeCun, directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Meta, Joëlle Barral, directrice scientifique au sein de Google, ou encore Arthur Mensch, cofondateur de la start-up Mistral AI, et de l’ancien secrétaire d’État au Numérique Cédric O. Trois recommandations concernent la formation initiale et continue.

Quels besoins ?

Le rapport précise que « les enjeux de formation recouvrent trois besoins différents : former des personnes en mesure de concevoir et développer des solutions d’IA, former des personnes capables de déployer ces solutions d’IA au sein de leurs entreprises, et sensibiliser plus généralement l’ensemble de la population à la culture et la compréhension des grands principes de fonctionnement de l’IA. »

Formation initiale et sensibilisation

La recommandation n°6 prévoit de généraliser le déploiement de l’IA dans toutes les formations d’enseignement supérieur et d’acculturer les élèves dans l’enseignement secondaire pour rendre accessibles et attractives les formations spécialisées.

La commission projette à horizon 2034, une offre d’emploi en développement d’IA et en déploiement d’IA respectivement à 1 % et 0,5 % de l’ensemble des offres. Le besoin en main-d’œuvre serait de l’ordre de 56 000 postes par an en développement d’IA et 25 000 postes par an en déploiement d’IA.

Les experts rappellent qu’en 2021, un rapport de la Cour des comptes estimait à 16 687 le nombre de places dans des formations spécialisées en IA au niveau bac+3. Ils estiment donc qu’il faudrait au moins tripler ce chiffre au cours de la décennie à venir afin de répondre aux besoins en développement d’IA.

La délégation insiste sur l’importance pour tous les élèves (voie professionnelle, technologique ou générale) de bénéficier d’un apprentissage en lien avec l’IA. Elle prescrit une réflexion pour identifier la contribution de chaque discipline enseignée.

Pour ce faire, la commission sur l’IA recommande d’investir 1,2 milliard d’euros dans la formation initiale et la sensibilisation. Ce sont le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministère de l’Éducation nationale qui devraient piloter cela.

Investir dans la formation continue

« Investir dans la formation professionnelle continue des actifs et les dispositifs de formation autour de l’IA », c’est ce qu’annonce la recommandation n°7. La commission considère que « l’IA semble également promise à un rôle important, voire prépondérant, dans le secteur de la formation professionnelle continue. » Cela concernant tant l’aide à la conception que la formation, l’accompagnement ou le tutorat pédagogique post formation. L’intelligence artificielle pourrait alors permettre « comme assistant virtuel au service des apprenants, d’individualiser les parcours. » Elle cite l’exemple, de certaines formations d’ingénieur logiciel qui intègrent déjà les modèles de langue pour apprendre à coder.

Les experts prévoient 200 millions d’euros pour cette recommandation avec à sa tête le ministère du Travail et ministère de la Fonction publique.

Former les professions de la culture et des médias

Recommandation n°8 : Former les professions créatives à l’IA, dès les premières années de l’enseignement supérieur et en continu. La commission rappelle que dans le secteur de la culture et des médias, l’impact de l’IA sur l’emploi est déjà analysé comme important. Cela concernerait 4 % de l’emploi total. Les rapporteurs notent également que 40 % des emplois artistiques et culturels relèvent du reste de l’économie (luxe, publicité, design industriel, automobile, etc.). Ils soulignent que « Le niveau d’exposition à l’IA est globalement plus élevé que pour l’ensemble des professions, en particulier pour ces emplois artistiques et culturels hors des secteurs culturels. ». La commission mise donc sur une complémentarité des professionnels à l’IA afin de minimiser les risques de substitution dans un milieu déjà très concurrentiel. Elle propose donc de renforcer la formation initiale professionnalisante dans l’enseignement supérieur spécialisé et la recherche. Elle préconise de favoriser les passerelles entre création, recherche, technologie, projets économiques et sociaux et culturels. Côté impact budgétaire à cinq ans, la somme prévue est cette fois-ci de 20 millions d’euros. C’est le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et ministère de la Culture qui seraient en charge.

Et après ?

Le rapport est disponible en ligne. Il sera publié le 15 mai 2024 aux éditions Odile Jacob. Commande d’Élisabeth Borne en septembre 2023, « IA : notre ambition pour la France », devrait permettre au gouvernement d’établir sa stratégie nationale concernant le développement et le déploiement de l’IA en France.

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