Fin de carrière : les plus de 50 ans veulent évoluer

Avec l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, repoussant l’âge légal de départ à 64 ans, se pose la question de l’avenir professionnel des salariés âgés de plus de 50 ans.  Une étude du Céreq montre une forte volonté d’évolution et même de reconversion dans cette catégorie de population, avec des défis à relever quant à l’accès à la formation.

Qui a dit que les seniors ne souhaitaient pas évoluer ? Dans l’étude du Céreq publiée en août 2023, 68 % des personnes interrogées formulent un projet professionnel pour les cinq prochaines années et 74 % estiment que leur travail implique d’acquérir de nouvelles compétences.

L’essentiel

  • Les seniors, âgés de plus de 50 ans, expriment le souhait de changement professionnel avant leur départ à la retraite, contrairement à l’idée reçue de résistance au changement.
  • La réforme du système de retraite soulève des questions sur l’emploi des seniors, en particulier ceux proches de l’âge légal de départ à la retraite (64 ans).
  • Le Céreq distingue quatre groupes de salariés seniors avec des perspectives différentes ainsi que des besoins et des souhaits spécifiques en matière de formation.

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Groupe 1 « progression en interne »

Le groupe « progression en interne » représente 22 % de la population étudiée. Principalement composé d’hommes, souvent diplômés et occupant des postes hautement qualifiés, ces salariés se montrent confiants quant à leurs possibilités d’évolution au sein de leur entreprise. Ils expriment également des besoins de formation importants pour accompagner leur progression.

Groupe 2 « monter en compétences »

Le groupe « monter en compétences » représente environ 30 % des seniors. Ils ressentent l’impératif de se former pour rester compétitifs dans leur domaine, tout en aspirant à des évolutions dans le contenu de leur travail. Ils craignent davantage que les autres la perte possible d’emploi et estiment avoir des perspectives de progression en interne limitées. Malgré des besoins de formation importants, ils y accèdent difficilement.

Groupe 3 « reconversion »

Le groupe de « reconversion », représentant 18 % des seniors, se distingue par sa recherche de changement significatif dans un contexte professionnel souvent difficile. Ces salariés sont les moins satisfaits de leur situation actuelle, généralement confrontés à des emplois dévalorisants en termes de rémunération et de conditions de travail. C’est le groupe le plus féminisé, plus souvent avec des contrats à temps partiel et avec des niveaux de salaires plus bas. Malgré leurs aspirations à la reconversion, l’accès à la formation reste un défi majeur pour ce groupe.

Groupe 4 « vers la retraite »

Le groupe « vers la retraite représente environ 30 % :  des seniors. Satisfaits de leur situation professionnelle actuelle, stables dans leur emploi (2/3 ont une ancienneté supérieure à dix ans), ils estiment avoir atteint un stade où les possibilités d’évolution sont limitées. Pour la majorité, ils sont entrés tôt sur le marché du travail et peuvent envisager un départ prochain à la retraite. Ils sont moins enclins à la formation que les autres groupes.

Quelle évolution des trajectoires au bout de cinq ans en fonction du groupe d’appartenance ?

L’étude menée sur cinq ans distingue deux catégories :

  • Ceux qui ont majoritairement atteint leur objectif :
    • Les salariés du groupe « vers la retraite » qui, en 2015, avaient des attentes modestes vis-à-vis de leur situation, sont majoritairement passés à la retraite en 2019 (58 % contre 42 % pour l’ensemble).
    • Ceux du groupe « progression en interne » ont davantage maintenu leur emploi dans la même entreprise (trois quarts d’entre eux étaient toujours en poste en 2019) et ont souvent atteint leurs objectifs d’évolution professionnelle.
  • Ceux qui ont eu des parcours professionnels plus difficiles.
    • Les salariés du groupe « montée en compétences » expriment plus fréquemment que les autres n’avoir pas concrétisé leurs souhaits d’évolution.
    • Les plus touchés sont ceux du groupe « reconversion », confrontés à des conditions de travail dégradées et à des parcours souvent chaotiques, marqués par des changements fréquents d’entreprise ou de longues périodes de chômage. Seulement 26 % d’entre eux ont pu prendre leur retraite, contre 42 % dans l’ensemble.

Quelles priorités pour soutenir l’évolution professionnelle des seniors ?

Face à ces différentes réalités, le Céreq préconise une anticipation accrue des formations pour les seniors, bien avant le seuil des 50 ans. Cela permettrait de favoriser des transitions professionnelles réussies et de garantir un maintien en emploi adapté à l’âge avancé. De plus, il est essentiel de surmonter les freins financiers, en offrant des opportunités de formation aux seniors qui en expriment le besoin, et en encourageant les employeurs à soutenir ces initiatives.

Quel est le calendrier ministériel sur l’emploi des seniors ?

Inscrites à l’agenda social, les négociations sur l’emploi des seniors, le compte épargne temps universel et les parcours professionnels doivent faire l’objet d’un document d’orientation unique dont la rédaction est  « encore en cours », indique Olivier Dussopt, dans une interview à L’Opinion le 14 septembre 2023.

Le taux d’activité des seniors. Zoom sur la Bretagne

Selon une étude de la Dreets Bretagne réalisée en juillet 2020, le taux d’activité des seniors bretons âgés de 50 à 64 ans est de 68 %. Il diffère selon le territoire, le sexe et l’âge. Il est plus élevé que la moyenne nationale (64 %).

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Infographie GREF Bretagne

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