Travail temporaire. Vers une longue crise
Les entreprises de travail temporaire sont très durement touchées par le quasi-arrêt de l’économie française. Alain Roumihac, président de ManpowerGroup France révèle que son « activité a chuté de 75 % en 48 heures ». Franck Ribuot, son confrère de Randstad France parle lui « d’un choc d’une ampleur inédite ». Prism’emploi comptabilise 557 500 ETP détruits entre la 1ère et la seconde moitié du mois de mars.
Si l’industrie et le BTP, qui emploient respectivement 39 % et 19 % des intérimaires, sont à l’arrêt, les principaux acteurs de l’intérim français souhaitent se concentrer sur les secteurs qui fonctionnent encore, voire qui connaissent des pics d’activité. C’est par exemple le cas du commerce de détail qui ne fonctionne, habituellement, qu’avec 3,5 % d’intérimaires.
Mais même la demande de ces secteurs s’essouffle. Le pic suscité dans la grande distribution retombe car les gens ont fait leurs provisions. Certaines plateformes logistiques sont à l’arrêt suite à des problèmes d’approvisionnement ou de contamination. Quant aux filières agroalimentaires et pharmaceutiques, en plein boom, elles font très peu appel aux intérimaires. Et la crainte de la contamination freine les candidatures. Idem pour le secteur du transport routier.
Les acteurs du secteur sont inquiets : quand bien même le redémarrage aura lieu, il « ne se fera pas sur le même rythme que nous connaissions avant la crise », indique Franck Ribuot pour qui « la reprise ne compensera pas intégralement la perte d’activité ».
Christophe Catoir, président d’Adecco France et Europe du Nord, rappelle que l’intérim emploie habituellement en France 2,5 millions de personnes (800 000 ETP).