IAA. Un secteur en proie à la décroissance

Les industries agroalimentaires (IAA) sont le premier secteur industriel français avec 17 253 entreprises (98 % de TPE-PME), 427 594 emplois directs, près de 2,4 millions d’emplois induits et un chiffre d’affaires de 176,1 milliards d’euros en 2018 (+1,5 % en 1 an). Malgré ces bons chiffres, le secteur subit un phénomène de déconsommation, inédit depuis 10 ans. Selon l’Insee, les ventes ont reculé de 1,2 % en 2018 alors que la baisse n’était que de 0,5 % lors de la crise financière de 2008.

Cette déconsommation serait le fait, selon le syndicat professionnel l’Ania, de « la guerre des prix qui se livrent les enseignes de la distribution ». En 6 ans, elle aurait engendré la destruction de 5,5 milliards de valeur pour l’IAA. Ce sont les plus grandes marques alimentaires qui ont le plus souffert, leurs prix ayant reculé de 17 % entre 2013 et 2018 alors que, dans le même temps, ceux des produits de grande consommation n’ont reculé que de 6,1 %. Les sociétés ont dû rogner sur leurs marges, tombées à 36 % (-8 %).

Dans ce contexte, l’IAA peine à recruter et comptabilise 21 000 emplois non pourvus. Cette pénurie de compétences serait, selon Stéphane Dahmani, économiste à l’Ania, « le premier obstacle à la croissance des entreprises ». Par ailleurs, les innovations étant moins nombreuses, les lancements de produits ont reculé de 32 % sur l’année écoulée.

Autre fait inquiétant : les entreprises agroalimentaires perdent du terrain à l’export, devancées par leurs concurrents européens. Alors que le France était, en 2004, le leader mondial à l’export de l’agroalimentaire, elle occupe désormais la  4e place, derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas. Pourquoi un tel recul ? Car les entreprises françaises ne sont que 20 % à se lancer à l’international quand c’est le cas de 80 % de leurs homologues allemandes. Résultat, l’export ne pèse que pour un quart dans le chiffre global du secteur, contre 42 % pour le reste de l’industrie.

Selon l’Ania, la loi Egalim, qui doit calmer la guerre des prix et faire remonter la valeur vers les entreprises et les agriculteurs, n’a pas, pour l’instant, produit d’effets.