Automobile. 5 500 emplois impactés par le recul du diesel
« Pour mieux articuler la transformation de la filière industrielle automobile » vers l’électrique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a réuni le 11 mars les constructeurs, les équipementiers automobiles, les organisations syndicales et les présidents des Conseils régionaux. L’objectif : « voir comment accompagner les entreprises dans la reconversion de leurs sites, évaluer les compétences dont elles auront besoin, mais aussi préparer le futur avec les infrastructures nécessaires au véhicule du futur, par exemple », indique un porte-parole de Bercy.
Si le sujet n’est pas nouveau, il s’accélère car l’hémorragie a débuté dans la filière diesel.
Alors que cette motorisation représentait 56 % des ventes de véhicules neufs en Europe en 2012, elle est tombée à 36 % des parts de marché en 2018. Et pourrait même, selon le cabinet AlixPartners, chuter à 25 % en 2020 et à 5 % en 2030. La chute est encore plus vertigineuse en France (73 % en 2012 – 39 % l’an dernier). Pour l’instant, les constructeurs ne sont pas les plus impactés, au contraire de leurs sous-traitants. Selon une étude de l’Observatoire de la métallurgie, 10 000 à 15 000 postes sont directement menacés à court terme sur les 37 500 que compte la filière française. Cette dernière, qui se compose de près de 300 établissements, en compte déjà 6 « en crise avérée à traiter d’urgence » et une centaine « très fragilisés » sous le coup d’une « menace grave et imminente » soit au total 5 500 emplois menacés.
Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile (PFA) présidée par Luc Chatel, indique avoir constaté, « depuis le début de l’année […] une certaine augmentation du nombre d’entreprises qui signalent des difficultés et qui ont besoin d’être accompagnées ».
Si certaines entreprises ont senti le vent tourner et ont entamé une reconversion, d’autres se sont laissées surprendre. « L’introduction des nouvelles normes WLTP le 1er septembre leur a permis de maintenir leurs ventes jusqu’à l’été, et leur carnet de commandes commence à s’assécher maintenant », explique Eric Vidal, représentant CFE-CGC au Comité stratégique de la filière automobile. Selon lui, la moitié des entreprises menacées sont des grosses ETI employant plusieurs centaines de salariés. La moitié sont également des filiales de groupes étrangers, présentes « dans les Hauts-de-France, le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes ».
L’an dernier, le Gouvernement a déjà mis à disposition, dans le cadre du programme d’investissement d’avenir (PIA), une première enveloppe de 18 millions d’euros et un accompagnement sur-mesure pour élaborer, avec les sociétés concernées, une stratégie industrielle. Cet effort doit être poursuivi « […] en affectant des moyens à la hauteur des risques qui pèsent sur le tissu industriel du secteur automobile », insiste Luc Chatel.
Arnaud de Vries, directeur innovation chez PwC indique que « la reconversion vers l’essence est possible », « les sites peuvent aussi évoluer vers la fabrication de pièces mécaniques pour l’hybride ou l’électrique ». Marc Mortureux, rappelle que « la problématique est plus large que le diesel. La filière doit s’adapter à l’objectif fixé par l’Europe de baisse de 37 % d’ici à 2030 des émissions de dioxyde de carbone. Cela implique de revoir en profondeur le mix énergétique des véhicules et d’engager un ambitieux plan de formation ».
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