Secteur des services. Accélération des délocalisations ?

Le secteur des services ne sera pas épargné par les délocalisations, analyse El Mouhoub Mouhoub, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, « y compris pour des tâches élaborées ». Pourquoi ? Car la pandémie et le confinement ont accéléré la diffusion et l’usage de solutions numériques dans les secteurs d’activité : téléconsultation médicale, enseignement à distance, télétravail …

Par ailleurs, de nombreuses activités de services ont été externalisées depuis quelques années, ce qui les rend plus facilement délocalisables, analyse Isabelle Méjean, professeure à l’Ecole Polytechnique.

Une étude de Western Union prévoit que la valeur du commerce international des services augmentera de près d’un tiers d’ici à 2025. Les services aux entreprises, la finance et les technologies de l’information connaîtront des hausses respectives de 37 %, 32 % et 35 %. Et le poids des services dans le commerce mondial progresse : de 9 % en 1970 il est désormais de 20 %.

Comment ces changements affectent et affecteront l’OCDE où 40 % des emplois industriels sont des emplois de services ? Entre 2000 et 2015, la part des emplois de services susceptibles d’être délocalisés est passée de 8 à 18 %. Les risques de suppressions d’emplois sont réels mais cette situation peut être une opportunité pour les pays développés. Car le secteur des services nécessite une main-d’œuvre qualifiée et une infrastructure numérique. Or, la moitié de la population mondiale n’a pas accès à Internet et seul 1 habitant sur 5 y accède dans les pays à bas revenus.