Retraite. La réforme corrigera-t-elle les inégalités de pensions entre les femmes et les hommes ?

Alors qu’une réforme des retraites doit avoir lieu cette année, menée par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire, le think tank Laboratoire de l’égalité a organisé le 15 janvier un colloque consacré à la retraite des femmes. Olga Trostiansky, sa directrice, estime que « le système de retraite actuel a été mis en place dans une société patriarcale, avec un contexte socio-économique qui n’est plus le nôtre aujourd’hui » ce qui fait qu’il est « intrinsèquement inégalitaire ».

Selon la Drees, en 2016, les retraitées perçoivent une pension de 38,8 % à celle des hommes, soit en moyenne 1 065€ contre 1 739€ pour les retraités. En tenant compte de la pension de réversion, perçue par 4,4 millions de bénéficiaires dont 89 % de femmes (c’est l’unique pension pour 1,1 million d’entre elles), l’écart se réduit à 24,9 %. Pour l’économiste et maîtresse de conférence à l’université Paris-Ouest-Nanterre, Rachel Silvera la retraite est « le miroir grossissant des inégalités salariales » (parcours professionnels féminins non linéaires, interruptions de carrière pour maternité, temps partiels, salaires moindres…).

S’il existe, dans la plupart des régimes de retraite, des mécanismes pour réduire les inégalités femmes-hommes, comment ces droits seront-ils traduits dans le nouveau système de retraite qui a pour objectif d’être plus lisible, plus juste et plus transparent ? Jean-Paul Delevoye estime que « le système […] n’a pas vocation à corriger ce qui se passe dans la vie professionnelle : il y a des efforts qu’il faut faire avant ». Constat également partagé par Annie Jolivet, économiste au Centre d’études de l’emploi et du travail du Cnam qu’elle nuance cependant en affirmant « qu’on ne peut pas seulement faire des incitations molles en direction des entreprises et ne pas mettre en cause les incitations aux temps partiels durables ». Par ailleurs, Jean-Paul Delevoye annonce que la réforme se fera avec un effort budgétaire équivalent à celui d’aujourd’hui, phrase qui fait s’interroger sur les choix qui seront faits car, « à budget constant », on ne peut tirer l’ensemble vers le haut. Comme le résume Rachel Silvera, « un système égalitaire, ça coûte ».