Pauvreté. Moins marquée en Bretagne, mais avec des disparités géographiques… Ce que nous apprend l’étude de l’Insee

En France, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1 120 euros par mois pour une personne seule. La Bretagne et les Pays de la Loire sont moins touchées que les autres régions françaises. Néanmoins, les situations de pauvreté sont plus fréquentes et intenses chez les jeunes, les familles monoparentales, dans les communes urbaines denses, et dans les intercommunalités du Centre Bretagne.  

Début octobre 2023, l’Insee a publié une étude dévoilant le panorama de la pauvreté en Bretagne. Si la région demeure l’une des moins marquées par la pauvreté, plus de 11 % de la population des ménages fiscaux bretons est tout de même concernée en 2020. Dans les quatre départements, ce taux est inférieur au taux de pauvreté en France métropolitaine. L’Ille-et-Vilaine et le Finistère font partie des dix départements avec le moins de pauvreté. 

Toutefois, des disparités parfois importantes existent. C’est notamment le cas des plus jeunes, des familles monoparentales ainsi que dans les communes urbaines denses et dans les intercommunalités du Centre Bretagne. 

Afin de mieux connaître et appréhender les situations de pauvreté sur le territoire, l’Insee a établi pour la première fois une typologie de six profils de ménages en situation de pauvreté, selon en particulier le critère de l’accès à l’emploi. L’Insee a également étudié un ensemble de fragilités territoriales susceptibles de renforcer l’exposition à la précarité.  

Mesurer la pauvreté

Dans son étude publiée en octobre 2023, l’Insee revient sur la définition de la pauvreté. L’agence publique aborde la pauvreté comme « un phénomène multidimensionnel. Elle peut être assimilée à un défaut de “ bien-être ”, à l’insatisfaction des besoins fondamentaux, à de faibles niveaux de revenus ou à une situation d’exclusion sociale. » 

Depuis le Conseil des ministres de l’Union européenne du 19 décembre 1984, sont considérées comme pauvres « les personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre dans lequel elles vivent ». 

24 % de la population française concernée par au moins une des formes de pauvreté

L’Insee indique : « Pour mesurer la pauvreté, l’approche la plus fréquente est l’approche monétaire, selon laquelle être pauvre, c’est avoir un revenu très inférieur à celui dont dispose la plus grande partie de la population. La pauvreté monétaire est ainsi une mesure relative de la pauvreté. » 

Dans son panorama, l’Insee souligne que la pauvreté «ne se limite pas à la seule dimension monétaire ». Néanmoins, à l’échelle régionale, il lui est impossible d’effectuer une approche aussi complète regroupant pauvreté monétaire, institutionnelle et privations matérielles et sociales. 

Toutefois, l’étude précise qu’en France métropolitaine, cela représente 24 % de l’ensemble de la population en 2021, soit plus d’un Français sur cinq. 

Pauvreté monétaire : 1 120 euros par mois pour une personne seule

Un seuil à 60 % du niveau de vie médian est retenu au sein des pays de l’Union européenne. En France, en 2020, ce seuil correspond à un revenu disponible de 1 120 euros par mois par unité de consommation (UC).  

L’institut donne des exemples : ce montant correspond à 1 120 euros pour une personne occupant seule son logement, 1 680 euros pour un couple sans enfant, et 2 350 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.  

11,2 % des ménages bretons sous le seuil de pauvreté

« 11,2 % de la population des ménages fiscaux bretons vit sous le seuil de pauvreté (14,4 % en France métropolitaine). La Bretagne est la deuxième région où le taux de pauvreté est le plus faible, juste après les Pays de la Loire », souligne Éric Lesage, directeur de l’Insee Bretagne, dans un article de Ouest-France.  

L’agence publique mentionne aussi dans son étude les personnes dites « modestes », c’est-à-dire au-dessus du seuil de pauvreté, mais avec un niveau de vie inférieur à 90 % du niveau de vie médian. Ces ménages représentent plus d’un quart de la population de France métropolitaine (25,8 %). Cette fois, la proportion en Bretagne est de 1,5 point plus élevée atteignant 27,3 %. En haut de l’échelle des niveaux de vie, en France métropolitaine, 9,7 % de la population est qualifiée d’« aisée », avec un niveau de vie supérieur à 180 % du niveau de vie médian, ce taux est également moins favorable en Bretagne : 6,9%. 

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Pour résumer, la pauvreté est moins intense en Bretagne que dans le reste de la France, la proportion de ménages modestes y est en revanche plus élevée, et une personne sur sept est considérée comme « aisée », comparé à une sur dix pour le reste de la France.  

Les ménages jeunes et les familles monoparentales plus touchés par la pauvreté

En Bretagne comme dans le reste de la France métropolitaine, ce sont les moins de 30 ans qui sont le plus affectés par la pauvreté. Toutefois, les Bretons, sont, dans chaque classe d’âge, moins fréquemment touchés par la pauvreté. 

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Mis à part l’âge, certaines catégories de ménages sont plus fréquemment touchées par la pauvreté. C’est notamment le cas des familles monoparentales, que ce soit en France métropolitaine ou en Bretagne. Dans la région, 26,9 % de ces familles vivent sous le seuil de pauvreté (4ᵉ rang le plus faible). 

De manière générale, le territoire est moins exposé qu’en France métropolitaine. Cependant, en Bretagne comme en France, le taux de pauvreté selon le type de ménage touche principalement les familles monoparentales, suivies des hommes seuls, des femmes seules, des couples avec enfants et, enfin, des couples sans enfant. 

Plus de pauvreté dans les grandes villes…

Comme dans le reste de la France, la pauvreté est plus présente dans les communes urbaines denses. Lorient, Saint-Brieuc, Rennes, Brest et quelques communes limitrophes sont donc plus touchées (17,2 % de la population des ménages de la région contre 18,1 % en France métropolitaine).  

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…avec une forte concentration de ménages non insérés sur le marché du travail et locataires dans le parc social

Un des profils établit pat l’Insee regroupe les ménages non insérés sur le marché du travail et locataires dans le parc social. Les familles monoparentales représentent également 34,3 % des ménages de ce profil. L’agence publique souligne « Ce profil de pauvreté est caractéristique des territoires les plus denses, avec 49,2 % des ménages résidant dans une commune urbaine dense contre 28,2 % pour l’ensemble des ménages pauvres de la région. » 

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Le Centre Bretagne exposé

Les communes rurales non périurbaines, ont un niveau de pauvreté supérieur aux ceintures urbaines, soit 11,9 %. Il est cependant inférieur à celui des communes du même type au niveau national (13,6 %).  

Des fragilités qui renforcent l’exposition à la pauvreté dans les territoires

Dans son approche l’Insee analyse également des indicateurs liés directement ou indirectement à la pauvreté : situation défavorable sur le marché du travail, faible niveau de formation initiale, situation familiale délicate, difficulté d’accès au logement, difficulté d’accès aux soins, éloignement aux services de la vie courante, difficultés liées à la mobilité, etc. 

Pour l’agence publique, les difficultés d’insertion sur le marché du travail et la pauvreté sont étroitement liées. En effet, elle observe une forte corrélation entre taux de pauvreté monétaire et taux de chômage au niveau des EPCI de la région.  

Elle explique : « La même corrélation existe avec le taux de chômage de longue durée, caractérisant des difficultés d’insertion encore plus fortes. Bien que le lien apparaisse moins affirmé, certains territoires touchés par un fort degré de pauvreté sont aussi concernés par une insertion plus difficile des jeunes, avec une part élevée des 16-25 ans ni en emploi ni en formation. »  

Toutefois, comparativement au reste de la France, les intercommunalités bretonnes sont les moins exposées par ces formes de fragilités économiques ou sociales  

Un ménage pauvre sur cinq est inséré sur le marché du travail

Parmi les ménages pauvres bretons, un sur cinq est inséré sur le marché du travail et souvent avec des charges de famille importantes, plus de la moitié des ménages n’est pas insérée dans l’emploi et trois sur dix sont retraités. 

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Mesurer la pauvreté dans les régions pour quel objectif  ?

Ces informations de l’Insee serviront « à décliner les pactes des solidarités qui seront signés au début de l’année 2024 », a précisé le préfet de région Philippe Gustin à Ouest-France. Ces pactes de solidarités prendront la suite de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté présentée le 18 septembre 2023 par la Première ministre Élisabeth Borne. 

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