Le photovoltaïque breton face aux défis du recrutement et de la formation

Le photovoltaïque est l’une des énergies sur laquelle la Bretagne s’appuie pour réaliser sa transition écologique. Fin 2050, elle souhaite obtenir un parc d’une puissance de 4 300 mégawatt-crête (MWc). Un objectif de taille : elle manque de main-d’œuvre et l’offre de formation n’est pas encore assez développée dans la région. 

D’ici 2040, en se référant à 2015, la Bretagne doit diviser par deux ses émissions et réduire de 35 %, ses consommations énergétiques. Pour y parvenir, la Région Bretagne mise sur le développement de l’énergie photovoltaïque. Fin 2023, elle possédait un parc installé de 576 mégawatt-crête (Mwc).

Afin d’atteindre les objectifs inscrits dans HEOL Breizh, la feuille de route bretonne du photovoltaïque, elle vise un parc doté d’une puissance de 1 890 MWc fin 2030, puis 4 300 MWc, fin 2050.

Une étude, menée par Observ’ER en partenariat avec la Région, Bretagne Développement Innovation et Atlansun, brosse le portrait socio-économique du photovoltaïque en Bretagne. Elle met en lumière les défis à relever en termes de formation et de recrutement pour remplir ces objectifs.

L’Ille-et-Vilaine concentre 69 % du chiffre d’affaires global

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Premier enseignement de l’étude : le marché du photovoltaïque breton est porté par l’installation de systèmes visant l’autoconsommation chez les particuliers. Il se distingue du marché national, plutôt orienté vers des installations beaucoup plus importantes, au sol par exemple, avec un objectif de vente totale de l’énergie produite.

La filière régionale emploie 2 565 équivalents temps plein (ETP), dont 1 830 emplois directs. Bien qu’elle comporte très peu de fabricants de matériels solaires, d’équipements électriques et R&D, le poids socio-économique de ces derniers est important. Le pôle d’activité dédié à la conception et l’exploitation des sites emploie 1 130 ETP. 245 ETP œuvrent sur la partie industrielle.

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L’Ille-et-Vilaine concentre 43 % des entreprises, 54 % des emplois et 69 % du chiffre d’affaires global. C’est pourtant le département breton qui a, en proportion, le moins d’installateurs (43 %). À l’inverse, les Côtes-d’Armor. Les installateurs y sont cependant, en proportion, plus nombreux (63 %).

 

Une pénurie de candidats, notamment d’installateurs

Au-delà du portrait économique, l’étude souligne les difficultés de recrutement rencontrées par la filière. Cette dernière est confrontée à une pénurie de candidats et, dans le même temps, à de faibles maîtrises techniques dans certains postes.
Ainsi, les installateurs de systèmes photovoltaïques font cruellement défaut. Au faible nombre de candidats se cumulent très souvent un manque d’expérience et de compétences dans le photovoltaïque, y compris parfois en électricité. Les entreprises sont donc contraintes de s’ouvrir à d’autres profils (compétences ou expériences dans le bâtiment, sélection sur les savoir-être), qu’elles formeront ensuite sur le terrain.

Développer l’offre de formation

Les tensions de recrutement sont également renforcées à travers la concurrence exercée par les entreprises du même secteur ou d’autres secteurs d’activité tels que les télécommunications, par exemple. Si les métiers des bureaux d’étude ou les développeurs de projets solaires ne souffrent pas d’un manque de candidats, ils sont pénalisés, pour leur part, par une formation insuffisante.

La formation est pourtant cruciale. L’évolution des technologies photovoltaïques, des types d’installations telles que l’agrivoltaïsme et la prise en compte de nouvelles dimensions (urbanisme, biodiversité…) complexifient tous les métiers du photovoltaïque.

La filière bretonne dispose de quelques leviers pour recruter davantage : cibler les personnes en reconversion, même si elles sont actuellement peu nombreuses et les femmes. Elle souhaite aussi s’appuyer sur l’alternance et développer l’offre de formation.

Des formations spécifiques ou colorées au photovoltaïque

Pour réussir à recruter des personnels qualifiés, les entreprises du photovoltaïque doivent pouvoir s’appuyer sur une offre de formation de qualité, proposant des cursus spécialisés ou intégrant le photovoltaïque.
Afin de former plus d’installateurs de systèmes photovoltaïques, le conseil régional de Bretagne a ouvert une formation qui allie les fondamentaux des métiers de la couverture et de l’électricité. Il s’est appuyé sur l’Afpa pour proposer, en 2023, deux sessions de formation expérimentale à Quimper.
Dans Inffo Formation, la revue du Centre Inffo, Forough Dadkhah, vice-présidente de la Région chargée de la formation, se réjouit du succès de la première promotion : huit apprenants sur onze ont reçu une proposition de CDI.

L’élue régionale indique, dans Le Télégramme, qu’une troisième promotion se déroulera fin 2024. Dotée d’une douzaine de places, elle bénéficiera d’ajustements de son contenu par rapport aux deux précédentes éditions. Elle espère également pérenniser cette expérimentation par une certification inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

En savoir plus sur la formation et la démarche avec cette vidéo :

Le renforcement de l’offre de formation photovoltaïque bretonne se poursuit au-delà de cette expérimentation. Toutes les formations d’électriciens et de couvreurs du programme régional QUALIF intègrent désormais un module photovoltaïque.

Chaque année, ce sont ainsi 48 électriciens et 24 couvreurs qui seront formés, dans le réseau des Greta. Des formations courtes au photovoltaïque devraient, par ailleurs, être prochainement proposées aux électriciens et couvreurs déjà en poste.

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En investissant dans la formation et en développant des programmes innovants, la Bretagne renforce son engagement envers une transition énergétique durable et crée des opportunités d’emploi dans un secteur d’avenir. Par ailleurs, les objectifs bretons de développement du photovoltaïsme s’inscrivent aussi dans une démarche nationale plus globale. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, ont récemment annoncé de nouvelles mesures de soutien au déploiement et à l’industrialisation du photovoltaïque en France.

Pour aller plus loin

Découvrir la variété des métiers d’une équipe d’entreprise photovoltaïque

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