Industrie automobile. Un secteur en crise

L’industrie automobile traverse « la plus grave crise de son histoire », indique Eric-Mark Huitema, directeur général de l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Si la production a redémarré en Chine après plusieurs semaines de pause, la reprise des ventes s’annonce lente. Et il faut s’attendre à la même situation en Europe et aux Etats-Unis où les usines d’assemblage sont à l’arrêt.

L’industrie automobile française fait travailler 200 000 salariés. Le cabinet C-Ways a calculé qu’un recul de 7 % du PIB entrainerait une chute des ventes automobiles de 22 %. Bernard Jullien, maître de conférence à l’université de Bordeaux et expert de cette industrie rappelle que les marges y sont faibles. Du coup, « la violence du choc risque d’être inouïe, du haut en bas de la chaîne ». Selon le cabinet AlixPartners, la pandémie pourrait priver les constructeurs de 90 milliards d’euros de flux de trésorerie avec une chute des ventes de 25 % en 2020, dans le scénario le plus pessimiste. Une situation inédite qui pourrait entrainer des programmes drastiques de réduction de coûts, des fermetures d’usines… Et avoir des répercussions considérables sur les équipementiers et les fournisseurs de la filière auto.

Thomas Besson du cabinet Kepler Cheuvreux pense, pour sa part, que « la situation devrait être gérable, sauf si la crise actuelle (production et ventes à l’arrêt complet en Europe) dure beaucoup plus que 6 semaines ». En effet, contrairement à 2008, les constructeurs « avaient une trésorerie nette positive fin 2019 ».

L’ACEA, qui rappelle que le secteur automobile européen fait travailler, directement et indirectement, 14 millions de personnes, appelle à « des actions fortes et coordonnées aux niveaux nationaux et européens, pour fournir un soutien immédiat en liquidités aux constructeurs, à leur fournisseurs et aux distributeurs ». Il invite l’Europe à stimuler « le redressement de [son] secteur]. En France, la Plateforme automobile (PFA) y travaille déjà.