Illectronisme. Des passes numériques pour former les naufragés du numérique

13 millions de français, soit 20 % de la population, n’utilisent pas ou peu Internet. 6,7 millions d’entre eux ne s’y connectent d’ailleurs jamais. Ces personnes en difficulté avec le numérique sont surtout des plus de 60 ans, mais aussi des jeunes et des personnes rencontrent des difficultés sociales et humaines. Pour les aider, alors que la dématérialisation des démarches administratives s’impose, le Gouvernement ouvrira prochainement une dizaine de lieux régionaux de formation et de médiation numérique.

Ces « hubs France connectée » accompagneront les populations les plus éloignées du numérique, prioritairement les habitants des zones rurales et hors métropoles. Ces « hubs », sélectionnés par un appel à projets lancé par Mounir Mahjoubi, le Secrétaire d’Etat au numérique et par la Banque des territoires, seront prochainement dévoilés. Ils délivreront le « pass numérique », sorte de chèque qui donnera accès à des crédits de formation de 10 à 20 heures et ont pour objectif « de former et d’accompagner 1,5 million de personnes par an », indique Mounir Mahjoubi.
Cette mesure s’intègre dans le plan « Pour un numérique inclusif » lancé en septembre 2018 et complète, la création, en 2017, de MedNum, coopérative d’une cinquantaine d’acteurs de la médiation numérique. L’objectif : lutter rapidement contre l’illectronisme, nouvelle forme d’exclusion professionnelle, sociale et économique. La prise de conscience de ce phénomène est récente, concède le secrétaire d’Etat au Numérique. Les premières remontées des difficultés à remplir des formulaires en ligne ont été faites par des assistantes sociales. En effet, au début des années 2000, de nombreux lieux ont ouvert pour se former à l’arrivée d’Internet (cyberbases, cybercafés, point Internet dans les mairies, espaces publiques numériques…). 10 ans plus tard, au vu de l’équipement des ménages, l’accompagnement n’a plus été une priorité. Or, le e-commerce, les réseaux sociaux et la dématérialisation des démarches administratives ont explosé…
Les entreprises privées dématérialisent elles aussi leurs services, mais à un rythme moins soutenu car elles « ont bien compris qu’il y avait un risque de perte d’activité économique », précise Jean Deydier, fondateur de l’association Emmaüs Connect et de WeTechCare. Mais elles s’organisent, avec les fournisseurs de solutions ou de conseils, pour pallier les interfaces web trop complexes. Ces démarches vont dans le sens de la loi « Pour une République numérique » de 2016 et de la loi « Avenir professionnel » de 2018.