Haute magistrature. Un corps très élitiste qui fait la part belle aux carrières masculines

Yoann Demoli et Laurent Willemez, sociologues, ont analysé, sous l’égide de la Mission de recherche droit & justice, la composition des personnels de la haute magistrature. Ils mettent en lumière un manque de diversité, certes constaté chez les hauts cadres du privé ou dans la haute fonction publique, mais encore plus prégnante dans la magistrature. Au 1er janvier 2018, 63 % des magistrats sont issus des classes sociales les plus favorisées. Même si les lignes bougent grâce au concours ouvert aux fonctionnaires en reconversion.

Par ailleurs, 21 % des magistrats sont en couple avec un ou une homologues.

L’étude prouve aussi l’existence d’un plafond de verre pour les magistrates. Alors qu’elles composent 66 % de l’effectif total, elles ne sont que 45 % à occuper les fonctions les plus élevées (55 % pour les hommes). Les promotions sont liées aux mobilités géographique et fonctionnelle. or, la mobilité géographique est plus masculine. Les belles carrières « sont celles d’hommes n’ayant guère eu à se soucier d’articuler une mobilité géographique à des préoccupations familiales ».

La profession se caractérise par l’excessivité de la charge de travail : 40 % des sondés disent travailler le soir, tous les jours ou plusieurs fois par semaine, 80 % disent travailler au moins un week-end par mois, 72 % disent ne pas prendre la totalité de leurs congés payés… Juges des enfants et juges d’instruction sont les professions les plus exposées, notamment en raison du manque de greffiers.