Entreprise. Près d’un dirigeant sur 5 menacé d’épuisement professionnel

Selon une étude menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 500 dirigeants en 2019, 17,5 % d’entre eux sont exposés à un risque d’épuisement professionnel, indique l’Observatoire Amarok, une association montpelliéraine. Elle a interrogé pendant 30 minutes chaque sondé sur son sommeil, son alimentation, son temps de travail… Les professionnels les plus exposés sont les experts-comptables (30,2 %), les agriculteurs (35,1 %) et les artisans (entre 31 et 35 %).

Olivier Torrès, fondateur d’Amarok et chercheur à l’université de Montpellier, explique que les agriculteurs ressentent « une perte progressive de la maîtrise de leur destin. Or, le sentiment de maîtriser son destin est bon pour la santé. Ils sont soumis à des marchés mondiaux, dépendant d’aides européennes et subissent de plein fouet l’agribashing ».

L’étude rappelle « qu’entreprendre sans s’épuiser est le véritable défi de santé des chefs d’entreprise ». En 10 ans, l’Observatoire Amarok a réalisé 650 conférences sur le sujet pour les Capeb, FFB, CCI, Chambres de métiers, UIMM, Chambres d’agriculture… soit environ 6 000 personnes sensibilisées. Ce travail de fourmi paie : le rapport parlementaire Artano-Gruny sur le service universel de santé au travail a repris l’une de ses propositions qui consiste à élargir les missions de services de santé au travail aux 3,2 millions de travailleurs non-salariés. Bercy travaille pour sa part à un programme de déstigmatisation de l’échec dans l’entrepreneuriat, chose inédite jusqu’à présent.

Marc Binnié, président et cofondateur d’Apesa, dispositif d’aide pour les entrepreneurs en souffrance psychologique présent dans 60 tribunaux de commerce sur 134, indique pour sa part « que les entrepreneurs ont un rapport spécifique à la santé ».

Olivier Torrès rappelle toutefois qu’entreprendre est globalement bon pour la santé. « Les patrons travaillent énormément, avec passion et dans un état d’esprit positif. Ces facteurs dits « salutogènes » sont souvent plus forts que les facteurs pathogènes. Mais la variance est plus forte que dans le reste de la population. En cas de burn-out, celui-ci sera plus violent ».