Chômage partiel. Les salariés des PME se formeront-ils ?

Le Gouvernement invite les entreprises, et notamment les PME, à former leurs salariés pendant la crise sanitaire. Nadine Gagnier, secrétaire générale de la FFP, estime que « c’est une opportunité pour les entreprises ayant besoin de développer ou maintenir les compétences de leurs salariés en vue de la reprise ». Les entreprises vont-elles se saisir du Fonds national pour l’emploi (FNE), ouvert depuis le 14 avril aux salariés en chômage partiel, et du remboursement intégral des frais pédagogiques des formations suivies pendant cette période d’inactivité ?

Certains employeurs l’ayant sollicité pour former leurs salariés au chômage partiel estiment qu’il est nécessaire d’avoir bien préparé son projet. « S’il s’agit juste de profiter de l’opportunité financière, on est certain d’échouer », indique l’un d’entre eux. Et c’est là que le bas blesse. Car les employeurs ont besoin de temps pour identifier les bénéficiaires, qui ne peuvent être ni les apprentis, ni les adultes en contrat de professionnalisation, et les cursus (hors formations obligatoires, exclues du dispositif) correspondant aux besoins des salariés.

Le monde de la formation s’interroge également. Les jeunes pousses du numérique voient affluer les demandes quand les organismes plus traditionnels, proposant des formations en présentiel, souffrent. L’ecosystème profitera-t-il de la manne du FNE ?

Certains s’adaptent. C’est le cas de la Cegos qui a augmenté son offre en distanciel. Guillaume Huot, membre de directoire du groupe, indique que les formations en ligne représentaient jusqu’alors 5 à 10 % de son catalogues. « Si nous arrivons à aller à 25-30 % ce sera bien », conclue-t-il tout en mettant en garde sur l’illusion des formations en ligne qui ne peuvent traiter des gestes techniques ou des changements de situation professionnelle.

D’autres sont plus circonspects. Comme Fabrice Cohen, cofondateur de Woonoz, organisme de formation lyonnais 100 % digital, qui rappelle que « le dispositif n’est garanti que le temps du chômage partiel. Qu’adviendra-t-il du reste à charge, au prorata des parcours resté inachevés », s’interroge-t-il ? Par ailleurs, il rappelle que les formations en ligne en ligne sont exigeantes en termes de motivation et d’assiduité des apprenants.

S’il est trop tôt pour confirmer l’engouement des entreprises pour la formation pendant le chômage partiel, Gaëtan Rudant, directeur de la Direcccte Ile-de-France, confirme qu’elles sollicitent ses services pour de plus amples renseignements sur le sujet. La Direccte Auvergne-Rhône-Alpes a, de son côté, enregistré des centaines de demandes.

Gaëtan Rudant, directeur de la Direccte Ile-de-France indique qu’il « est trop tôt » pour confirmer [l’engouement pour la formation] mais les entreprises contactent ses services pour se renseigner sur les procédures. Auvergne-Rhône-Alpes enregistre pour sa part une centaine de demandes.

Selon le ministère du Travail, 8,6 millions de salariés étaient en chômage partiel en avril 2020.