Bac pro. Quand le diplôme est concurrencé par le plein-emploi

Cette année, 186 200 élèves passent le bac pro. Un chiffre en recul de 1,6 %, indique Edouard Geffray, le directeur général de l’enseignement scolaire, en partie dû à la baisse démographique et au recul des redoublements. Mais un autre phénomène, même s’il reste pour l’instant marginal au niveau national, émerge en raison de la très forte reprise économique : l’abandon, avant l’obtention du diplôme, des études au profit d’une insertion professionnelle rapide. Les formations aux métiers de l’hôtellerie-restauration, du BTP, du commerce et des services à la personne sont particulièrement concernées.

Pourquoi une telle situation, inédite pour les chefs d’établissements ? Car décrocher le bac ne fait plus sens pour tous les lycéens de la voie professionnelle. Fragilisés par la crise sanitaire, certains n’ont d’autres choix que de travailler pour prendre leur autonomie ou aider leur famille, observe Olivier Beaufrère, secrétaire national du SNPDEN-UNSA. D’autres ont vu leur motivation s’étioler sur la longueur lors des confinements puis des déconfinements, observe Mohamed Attia, délégué national du SE-UNSA chargé de la voie professionnelle. Qui sont-ils ? Selon les enseignants, les élèves qui choisissent l’emploi plutôt que le diplôme auraient déjà un rapport distancié au système scolaire. 

Concurrencée par l’apprentissage et souffrant d’un manque d’attractivité, la voie professionnelle est à la croisée des chemins. Selon Mohamed Attia « il n’y a jamais eu autant de bacheliers professionnels en BTS, d’une part, et autant de décrocheurs, d’autre part. ».