Jeunes ruraux précaires : l’IGAS appelle à des réponses adaptées

Les jeunes résidant dans les territoires ruraux font face à des défis qui appellent des réponses ciblées. Le dernier rapport de l’IGAS souligne l’urgence d’adapter les politiques publiques pour mieux accompagner ces jeunes face aux défis de la mobilité, de la formation et de l’insertion.

Difficultés d’accès à l’emploi, à la santé, au logement et aux services essentiels, souvent aggravées par des problèmes de mobilité et d’isolement : le dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) met en lumière les défis quotidiens des jeunes en milieu rural. S’appuyant sur des enquêtes, des données statistiques et des entretiens avec des jeunes et des acteurs locaux, la mission pointe les failles des dispositifs actuels et l’urgence d’adapter les politiques publiques aux spécificités de ces territoires.

Jeunes ruraux / jeunes urbains : des disparités persistantes malgré des avancées

Les données récentes mettent en lumière des écarts significatifs entre jeunes ruraux et jeunes urbains sur plusieurs plans. Bien que le taux de chômage des jeunes ruraux (22,4 %) soit légèrement inférieur à celui des jeunes urbains (26,4 %), des inégalités subsistent en matière de formation, d’accès aux aides et d’emploi. 

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Ces chiffres révèlent des inégalités structurelles qui nécessitent une attention particulière des acteurs publics et professionnels. 

Des politiques publiques en progrès, mais encore insuffisantes pour les jeunes ruraux précaires

Les pouvoirs publics ont multiplié les initiatives pour répondre aux défis spécifiques de la ruralité, en intégrant progressivement ces territoires dans des dispositifs nationaux. Parmi les avancées, on retrouve la loi d’orientation des mobilités (LOM), les plateformes de mobilité solidaire, les campus connectés ou encore le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ). Ces politiques visent à améliorer la mobilité, renforcer l’accès à la formation et à proposer des solutions adaptées aux jeunes éloignés de l’emploi ou de l’autonomie.

Cependant, les résultats restent limités, notamment pour les jeunes ruraux précaires :  

Des dispositifs mal adaptés à la réalité rurale

Les dispositifs nationaux, souvent pensés pour des territoires urbains ou périurbains, peinent à s’ajuster aux spécificités des zones rurales. Le manque de ciblage territorial est une limite majeure : les offres d’accompagnement se concentrent dans les bourgs ou petites villes, laissant les zones à habitat dispersé en marge. Les jeunes ruraux ne bénéficient pas de politiques prioritaires conçues pour compenser leurs obstacles spécifiques, tels que la dispersion géographique ou la faiblesse des infrastructures locales.

Des financements à améliorer

Les dispositifs souffrent souvent de financements inadaptés à la ruralité. Les critères d’attribution et les modalités de financement ne prennent pas toujours en compte les coûts supplémentaires liés à l’éloignement ou au temps nécessaire pour accompagner ces publics. 

La mobilité, un frein persistant

Malgré la loi LOM et certaines initiatives locales comme les plateformes de mobilité solidaire, les solutions restent insuffisantes. Les réseaux de transport public sont limités, voire inexistants dans certaines zones, et les coûts liés à la mobilité (essence, entretien d’un véhicule) restent prohibitifs pour de nombreux jeunes. Cela constitue un frein majeur à l’accès à l’emploi, à la formation ou même aux services essentiels. 

Une offre de formation encore trop centralisée

L’accès à la formation demeure une problématique de taille en milieu rural. L’absence de structures locales contraint les jeunes à se déplacer vers des centres urbains, augmentant les coûts et limitant leurs choix. Des initiatives comme les campus connectés ou les dispositifs de pré-qualification montrent des résultats encourageants, mais restent insuffisamment développées et peinent à compenser l’absence d’offres locales diversifiées.

Les dispositifs prometteurs qui existent en Bretagne 

Un accès inégalitaire aux services publics

L’accès aux services de santé, d’accompagnement social ou éducatif est plus difficile en raison de la dispersion géographique et de la faible densité de population. Bien que les démarches d’« aller-vers » se développent, avec des maraudes numériques ou des bus itinérants, ces initiatives manquent de moyens pour couvrir l’ensemble des besoins. 

Priorité, proximité, financement : des clés pour une action efficace en milieu rural

  • Prioriser les jeunes des territoires ruraux les plus vulnérables : il est essentiel de cibler les jeunes des zones France Ruralité Revitalisation Plus (FRR+) en définissant des modalités d’intervention adaptées à leurs besoins spécifiques. Cette démarche prioritaire doit être assortie d’objectifs chiffrés et de mécanismes de compensation, sans remettre en cause les financements des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
  • Adapter les financements pour compenser les coûts spécifiques liés à la ruralité : les dispositifs de financement doivent intégrer les surcoûts liés aux actions menées en milieu rural, via des bonifications et une plus grande flexibilité des appels à projets, notamment pour autoriser des groupes de taille réduite.
  • Développer une offre de formation et d’accompagnement en grande proximité : l’IGAS recommande de renforcer le maillage territorial grâce à des groupes à effectifs réduits, une coopération accrue entre acteurs, et la mise en place de lieux hybrides de formation professionnelle dans les territoires ruraux. 

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