Comment faciliter l’inclusion et l’emploi des réfugiés ?
Quels sont les leviers à actionner pour favoriser et faciliter le recrutement des personnes réfugiées ? Cette étude du réseau des CCI et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) propose des pistes pour lever les freins rencontrés tant par les primo-arrivants que les entreprises.
En France, de nombreuses structures sont mobilisées en faveur de l’insertion professionnelle des personnes réfugiées : Les clubs départementaux « Les entreprises s’engagent », les Chambres de commerce et d’industrie (CCI), les Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq), les associations, les programmes AGIR et HOPE…
Pour Paolo Artini, représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en France, « l’accès à l’emploi est un levier essentiel pour l’inclusion des personnes réfugiées en France ». Pourtant, « malgré des compétences souvent variées et des expériences riches, de nombreux freins continuent d’entraver [leur] pleine participation à la vie économique et professionnelle ».
Publiée dans le cadre de la Semaine de l’intégration 2024 par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le réseau des Chambres de commerce et d’industrie, cette étude identifie les freins et propose des solutions pour faciliter leur recrutement. S’inscrivant dans le Pacte mondial sur les réfugiés, elle s’appuie sur des propositions émises par des personnes réfugiées et des entreprises mobilisées sur la question. Autant d’enseignements pour les entreprises accueillantes et celles en passe de le devenir.
L'intégration professionnelle des primo-arrivants : un chemin parsemé d'obstacles
Facteur d’inclusion, l’accès au travail des primo-arrivants est obéré par plusieurs facteurs.
Résultat, trois ans après leur arrivée en France, la moitié des personnes réfugiées est au chômage ou en situation d’inactivité. Elles sont également plus exposées à la précarité, car plus sujettes aux CDD et au déclassement professionnel. « En comparaison à leur situation professionnelle dans leur pays d’origine, le nombre d’ouvriers parmi les personnes réfugiées en France est multiplié par deux, tandis que la proportion de cadres et de professions intellectuelles supérieures est quant à elle divisée par cinq », indique l’étude.
Les entreprises, actrices clés de l’insertion professionnelle des réfugiés
Qu’elles soient déjà mobilisées ou non, le principal levier d’engagement des entreprises est l’important besoin de recrutements pour faire face aux postes vacants dans de nombreux secteurs.
Recrutement, accueil en immersion professionnelle, sensibilisation des collaborateurs, parrainage… il existe diverses manières pour les entreprises de s’engager en faveur de l’insertion professionnelle des personnes réfugiées.
Elles peuvent s’appuyer sur un réseau d’acteurs tels que France Travail, les Directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), les clubs départementaux « Les entreprises s’engagent » et le tissu associatif local.
Le principal frein au recrutement évoqué par les personnes réfugiées et 80 % des entreprises est l’absence de maîtrise de la langue.
De la formation à la pair-aidance : les leviers pour l'insertion des réfugiés
Les personnes réfugiées et les entreprises ont proposé des pistes d’amélioration parmi lesquelles :
- créer une plateforme ou un outil permettant d’identifier rapidement et efficacement les profils pertinents ;
- financer des formations au français. À noter que la loi asile et immigration du 26 janvier 2024 prévoit de renforcer le rôle des employeurs en matière de formation linguistique des salariés étrangers – réfugiés ou non ;
- rendre l’information accessible, tant pour les entreprises que les personnes réfugiées, en la présentant notamment de manière territorialisée ;
- faire connaître plus largement la possibilité de reconnaissance, en France, par l’intermédiaire du centre ENIC-NARIC, des diplômes académiques du pays d’origine ;
- renforcer la coordination des acteurs et des dispositifs : Geiq, France Travail, associations… ;
- mettre en place des référents France Travail formés pour accompagner les employeurs et les réfugiés dès lors qu’ils sont dans l’emploi ;
- lutter, dans l’entreprise et plus globalement au sein de la société, contre les préjugés sur les personnes réfugiées ;
- développer le pair à pair entre personnes réfugiées en s’appuyant, au sein des communautés de personnes réfugiées, sur des personnes présentes depuis plusieurs années en France et formées au partage de la « bonne » information.
Autant de pistes qui renforcent le potentiel de mobilisation des entreprises engagées ou pouvant prochainement le devenir.