La lutte contre le décrochage en Bretagne

La mobilisation contre le décrochage scolaire et pour la réussite des jeunes est un enjeu phare en Bretagne.

 

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Les enjeux de la lutte contre le décrochage

Lutter contre le décrochage, ce sont autant d’enjeux humains, économiques, de cohésion sociale et de réduction des inégalités. Ces jeunes présentent des risques importants de ne pas réussir leur insertion sociale et professionnelle.
Les jeunes en situation de décrochage sont surexposés à certains risques : les personnes sans diplôme se trouvent davantage confrontées au chômage, notamment de longue durée, et occupent plus souvent des emplois précaires et peu qualifiés par rapport à la population diplômée.
Ce risque accru d’être au chômage augmente également le risque de pauvreté et d’exclusion sociale. Il se répercute aussi sur leur bien-être, leur santé ainsi que ceux de leurs enfants.
Les conséquences influent sur les personnes tout au long de leur vie.
Le décrochage est un frein à la compétitivité et au dynamisme de l’économie française.
« Du point de vue économique, le décrochage […] génère des coûts importants pour la société, nettement supérieurs à ceux correspondant à l’action des politiques publiques dans ce domaine […] »

Les enjeux et les champs

Un enjeu humain Un enjeu social Un enjeu économique
Des enjeux majeurs Des talents non valorisés
une scolarité vécue en état de souffrance par de nombreux « décrocheurs » :

  • perte d’estime de soi
  • sentiment d’être dépassé
  • peur de l’école
  • repli sur soi, etc,
Une exposition plus forte des « décrocheurs » à la précarité pour le reste de leur vie :

  • isolement
  • chômage
  • problème de santé
  • problème avec la jeustice, etc,
Un surcoût pour la société d’au moins 230 000 euros sur toute la vie d’un décrocheur.

Une « dette » contractée chaque année de plus de 30 milliards d’euros

Lutter contre le décrochage, c’est… Rendre l’école bienveillante et donner une chance à tous les jeunes Préserver la cohésion sociale Investir aujourd’hui pour faire diminuer les coûts demain

Source : Ministère de l’Éducation nationale  

 

Les champs de la lutte contre le décrochage

 

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Source : Rapport de diagnostic de l’évaluation partenariale de la politique de lutte contre le décrochage – 28 mars 2014. Ministère de l’Éducation nationale

Les définitions

Décrocheurs
Jeunes de plus de 16 ans scolarisés l’année précédente et qui ont quitté une formation de niveau V ou IV sans avoir obtenu le diplôme sanctionnant cette formation.
Référence réglementaire : Décret n°2010-1781 du 31 décembre 2010.

L’obligation de formation
L’obligation de formation pour les jeunes de 16 à 18 ans […] concerne à la fois les jeunes mineurs « décrocheurs » sans qualification mais également ceux qui possèdent un diplôme et ne se trouvent ni en emploi ni en formation. C’est l’ambition de ne laisser aucun jeune mineur sans solution de formation et d’accompagnement.
Source : Eduscol

Taux de sortants précoces
L’indicateur européen des sorties précoces, issu de l’enquête Emploi de l’Insee, mesure le nombre de jeunes de 18 à 24 ans n’ayant ni CAP, ni BEP, ni baccalauréat, sortis du système scolaire et qui ne bénéficient d’aucune sorte de formation. Il fait partie des critères de référence fixés dans le cadre de la stratégie Éducation et Formation 2020 et ne doit pas dépasser 10 % à l’horizon 2020. Il est établi par Eurostat pour évaluer la situation de chaque pays membre de l’Union dans le domaine de l’éducation et de la formation.
Source : Ministère de l’Éducation Nationale

Réussite éducative
L’objectif consiste à renforcer la capacité de l’enfant ou de l’adolescent à s’engager socialement, selon ses capacités et ses objectifs, à la fois sur les plans personnel et scolaire puis professionnel, grâce à la mobilisation de valeurs, d’habiletés et d’expériences. Elle se traduit par la mise en œuvre d’un projet personnel et par une capacité d’insertion scolaire et professionnelle…
Source : Askoria

Persévérance scolaire
La « persévérance » articule deux notions intégrant le renforcement positif introduit par la réussite éducative et l’approche par des motivations à laquelle invite la notion de décrochage. Elle agit comme un marqueur d’un référentiel centré sur la dynamisation de l’individu et l’activation de ses capacités, impliquant la nécessité d’être encouragé chaque jour par ses proches et ses enseignants, recevant  le  soutien  des  réseaux  de  proximité,  bénéficiant  de  la  mobilisation de  la  communauté  locale…
Source : Askoria

Retrouver d’autres définitions dans :
Le déploiement en région Bretagne de la lutte contre le décrochage. Askoria, 2015

Le plan national

1jeune1sol_referencePortée par la « Stratégie Europe 2020 », la France s’est engagée très tôt dans la lutte contre le décrochage et en fait une priorité nationale notamment avec le plan « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire. » (2014)

La mobilisation de l’École et de ses partenaires est donc amplifiée avec un double objectif : prévenir l’abandon scolaire précoce et soutenir ceux qui ont quitté l’école sans diplôme et qui souhaitent revenir en formation.
Le droit au retour en formation offre la possibilité de se former à tous les jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ou sans niveau suffisant de qualification.
Cette volonté est réaffirmée avec l’obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans, entrée en vigueur en septembre 2020.

Le plan #1jeune1solution

Le plan #1jeune1solution, présenté en juillet 2020, propose des mesures pour accompagner les jeunes de 16 à 25 ans.
Grâce à un panel de solutions, il vise trois priorités :

– Faciliter l’entrée dans la vie professionnelle ;
– Orienter et former 200 000 jeunes vers les secteurs et métiers d’avenir ;
– Accompagner 300 000 jeunes éloignés de l’emploi en construisant des parcours d’insertion sur mesure.

Les mesures du plan #1jeune1solution :

L’obligation de formation jusqu’à 18 ans

Combattre le décrochage des jeunes les plus fragiles avec l’obligation de formation jusqu’à 18 ans

Pour une école inclusive, l’instruction devient obligatoire dès l’âge de 3 ans jusqu’à 16 ans, et la formation jusqu’à l’âge de 18 ans. La mesure est entrée en vigueur le 1er septembre 2020.

Un droit pour le jeune

La loi prévoit le droit, pour chaque jeune entre 16 et 18 ans, de pouvoir intégrer un parcours adapté à ses besoins. L’obligation de formation, dans un parcours scolaire, en apprentissage ou en formation professionnelle, inclut d’autres situations comme l’emploi, le service civique et l’engagement dans un dispositif d’accompagnement ou d’insertion sociale et professionnelle.
Ces situations, si elles ne sont pas des solutions de « formation » au sens strict, contribuent à l’élévation du niveau de compétences des jeunes concernés et sont de nature à favoriser une insertion sociale et professionnelle durable.

Une obligation pour les pouvoirs publics

La garantie d’une formation jusqu’à 18 ans constitue une obligation pour les jeunes mais aussi et d’abord pour les pouvoirs publics eux-mêmes.
Elle implique dans un premier temps de repérer et de contacter les jeunes concernés, de leur proposer un accompagnement adapté grâce à un entretien de situation et de leur présenter sur cette base une solution d’orientation ou un parcours d’accompagnement renforcé leur permettant de les remobiliser et de les insérer.

Le rôle des missions locales

Les missions locales sont chargées d’assurer le respect de cette obligation de formation.
Elles exercent cette fonction de mise en réseau, en lien étroit avec les autres acteurs, dans le cadre des plateformes de suivi et d‘appui aux décrocheurs : réseaux Foquale des acteurs de l’éducation nationale (établissements scolaires, centres d’informations et d’orientation, missions de lutte contre le décrochage scolaire, structures de retour à l’école type micro-lycées), Pôle emploi, écoles de la deuxième chance, etc.

 

La boite à outils des dispositifs et acteurs de l’obligation de formation, présentée par la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté

Pour aller plus loin…
Les jeunes en situation de NEET : le rôle des compétences de base. Céreq Bref (413, Octobre 2021)
Investir dans les compétences via l’obligation de formation jusqu’à 18 ans (dossier de presse, kit de communication…). Ministère des Solidarités et de la Santé
L’obligation de formation. Ministère de l’Éducation nationale
La loi pour une École de la confiance. Ministère de l’Éducation nationale

 

Le droit au retour en formation

Ce droit est accordé aux jeunes âgés de 16 à 25 qui peuvent avoir quitté le système éducatif depuis plusieurs années sans avoir atteint un niveau de formation sanctionné par un diplôme national ou un titre professionnel enregistré et classé au niveau V [CAP] du RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles).
Important levier du plan de lutte contre le décrochage, il comporte un accueil puis un entretien avec un représentant d’un organisme ou d’une structure contribuant au Service public régional de l’orientation (SPRO).
Ces jeunes peuvent exercer leur droit au retour sous différents statuts (élève, apprenti, stagiaire de la formation professionnelle).
La durée de la formation qualifiante que le jeune a suivie est mentionnée dans son Compte personnel de formation (CPF).
Une prime peut être allouée aux élèves boursiers reprenant une formation sous statut scolaire.

Jeunes, où s’informer ?

Deux outils sont dédiés aux jeunes ou aux familles qui souhaitent s’informer (obligation de formation des 16-18 ans, plateforme #1jeune1solution, dispositifs de retour au lycée, aides au collège, etc.) :

  • 0 800 122 500 : le numéro vert, gratuit, dédié aux 16-18 ans qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi
  • Une plateforme d’information en ligne : Nouvelles Chances

Les données chiffrées

Au national

En France métropolitaine et dans les DROM (hors Mayotte), 8,6% des jeunes âgés de 16 à 25 ans ont quitté le système éducatif sans obtenir de diplôme, si ce n’est le diplôme du brevet (12,6% en 2010).
La répartition de ces jeunes n’est pas uniforme sur le territoire national. Elle est particulièrement faible à Paris (3,4%) et à Rennes (6,2%).
Certaines académies sont relativement homogènes et présentent peu de différence entre leurs départements. C’est le cas de celle de Rennes.

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Source : Géographie de l’École 2021. Depp, Fiche 36

En Bretagne

Rappelant que le décrochage scolaire est très dépendant du milieu d’origine et des conditions de vie, une étude du Céreq de 2016 met en lumière qu’en Bretagne aucun territoire ne cumule l’ensemble des risques sociaux du décrochage identifié par les chercheurs (fragilités économiques, familiale et culturelle).

Cependant, le travail cartographique du Céreq pointe des disparités infrarégionales importantes. Un canton sur dix est dans une situation de précarité économique qui peut constituer un facteur d’échec scolaire dont les cantons de Saint-Brieuc, Loudéac, Brest, Lorient, Saint-Malo ou encore Carhaix-Plouguer.

Autre nuance, si la Bretagne a l’un des plus faibles taux de sortie sans diplôme et si le phénomène de sortie sans diplôme est tendanciellement à la baisse au niveau national, l’académie de Rennes est l’une des académies présentant la plus faible baisse entre 2006 et 2013 (-0,1% pour une moyenne nationale de -1%), voire une légère hausse du nombre de jeunes sans diplômes ne poursuivant pas d’études pour le Finistère (+0,4%). Ces éléments invitent à être vigilant sur un phénomène considéré comme mineur en Bretagne.

Dans l’« Atlas des risques sociaux de l’échec scolaire », le Céreq à partir des données de l’Insee donne pour la Bretagne : « La part de non diplômés parmi les 15-24 ans qui ne sont plus scolarisés est inférieure à la moyenne France métropolitaine (25,4%) dans tous les types représentés : elle est limitée dans l’ensemble à 18,4%. »

Cet Atlas fournit pour la Bretagne deux cartes « Les zones à risques d’échec scolaire » et « La part des non diplômés parmi les 15-24 ans non scolarisés ».

 

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Source : Les zones à risques d’échec scolaire. 2ème éd. augmentée 2016 INSEE, RP 2011, Revenus fiscaux localisés. Calcul et cartographie : Céreq – ESO CNRS, Caen.
(extrait de l’Atlas-académique-risques-sociaux-échec-scolaire (pdf))

 

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Source : La part des non diplômés parmi les 15-24 ans non scolarisés . 2ème éd. augmentée 2016  INSEE, RP 2011. Calcul et cartographie : Céreq – ESO CNRS, Caen
(extrait de l’Atlas-académique-risques-sociaux-échec-scolaire (pdf))

 

L'observation du décrochage scolaire en Bretagne

tendre mainpetitLa définition du décrochage scolaire en Bretagne a été précisée au sein du cadre de référence régional « Pour une stratégie concertée en faveur des jeunes sortis de formation initiale sans diplôme » : jeunes de 16 à 25 ans issus du second degré et n’ayant pas terminé leur formation, qu’ils possèdent ou non un premier diplôme ou une certification. Cette non-restriction aux décrocheurs non diplômés est en accord avec l’instruction interministérielle sur la mise en œuvre de l’obligation de formation.

L’Observatoire du décrochage et ses études

Un dispositif régional d’observation

Afin de bénéficier d’une meilleure connaissance du décrochage en Bretagne et mieux connaître les profils des jeunes « décrocheurs », le Conseil régional de Bretagne a missionné le GREF Bretagne sur la construction d’un Observatoire du décrochage visant à mieux connaître l’évolution du phénomène, les caractéristiques des décrocheurs et leur devenir.
La première étape a consisté à élaborer un diagnostic de situation auprès de quelques responsables de PSAD.
Ses conclusions ont permis de partager avec les PSAD la nécessité de créer un outil commun permettant de :
– récolter des données pour alimenter l’observatoire du décrochage,
– suivre précisément les situations des jeunes.
Depuis la généralisation de cet outil commun à toutes les PSAD, le GREF Bretagne publie, chaque année, une synthèse régionale des indicateurs de lutte contre le décrochage.
Consulter le diagnostic de situation
*PSAD : Plateforme de suivi et d’appui aux décrocheurs

 

La situation des jeunes décrocheurs dans notre région

Dans le cadre de l’Observatoire du décrochage scolaire en Bretagne, impulsé par le Conseil régional, le GREF Bretagne présente, pour la troisième année consécutive, les éléments d’analyse issus des tableaux de suivi élaborés par les PSAD.
Parmi les 7 300 jeunes signalés en Bretagne dans le SIEI durant les campagnes de 2020-2021, 34% sont décrocheurs, soit 2 500 jeunes.
Ils représentent 2,9% de la population scolarisée dans le secondaire et âgée de plus de 16 ans.
La grande majorité des décrocheurs (55 %) est en cours d’accompagnement, 26% ont trouvé un emploi et 7% ont choisi la voie de la formation continue.
Cœur de cible des PSAD, 190 jeunes ne sont ni en formation, ni en emploi, ni accompagnés, soit 8% des décrocheurs.

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Source :Les jeunes en situation de décrochage scolaire en Bretagne. Synthèse régionale annuelle 2020-2021. GREF Bretagne

 

 

En savoir plus :
Le Vademecum-observatoire du décrochage en Bretagne (2020)
Les jeunes en situation de décrochage scolaire en Bretagne – Synthèse régionale annuelle 2019-2020, édition 2021 GREF Bretagne et Synthèse régionale annuelle 2018-2019, fin 2019 GREF Bretagne

 

L’État et le Conseil régional engagés dans la lutte contre le décrochage

Le rôle de la Région et de l’État

Depuis le 1er janvier 2015, la Région Bretagne, en lien avec les autorités académiques, est chargée de la coordination des actions de prise en charge des jeunes sortant de formation initiale sans diplôme.

Ces actions s’appuient principalement sur les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD), qui font partie intégrante du Service Public Régional de l’Orientation et de l’Evolution Professionnelle (SPRO-EP).

En Bretagne, la volonté de renforcer la coordination entre les acteurs a été réaffirmée à travers l’écriture en 2017 d’une « Stratégie régionale de lutte contre le décrochage scolaire » puis l’inscription de la lutte contre le décrochage scolaire parmi les priorités du CPRDFOP (chantier n°7.1).

Le chantier 7.1 du CPRDFOP « Prévention des ruptures de parcours en formation initiale et accompagnement des jeunes en situation de décrochage » définit quatre grands enjeux en matière de lutte contre le décrochage scolaire :

  • La réduction du nombre de jeunes ayant interrompu leur scolarité.
  • Une plus grande articulation des politiques publiques dédiées à la lutte contre le décrochage en formation initiale, de la prévention à la remédiation.
  • Un meilleur repérage des jeunes en situation de décrochage.
  • La lutte contre le « non recours » au droit au retour en formation initiale, pour les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification professionnelle.

 

Initiatives en Bretagne

La base d’initiatives en Bretagne

Cette base d’Initiatives valorise des expérimentations de terrain. Vous y trouverez une présentation des actions et initiatives menées sur les quatre départements bretons.

N’hésitez pas à nous informer des initiatives locales et contribuer à cette rubrique en nous les signalant ici

Une base des initiatives est aujourd’hui à votre disposition pour communiquer sur les projets et actions des territoires bretons.

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Consulter les initiatives

La première édition de la JIT pour la persévérance scolaire 100% numérique

JIT

Lancée en septembre 2020, la première édition de la Journée des Initiatives Territoriales pour la persévérance scolaire, impulsée par la Région Bretagne et ses partenaires, a pris un virage 100% numérique.

Retrouvez sur cette page dédiée, les actions innovantes mises en place sur les territoires bretons.

 

 

Archives en ligne

La cartographie des dispositifs de lutte contre le décrochage en Bretagne

Cette cartographie référence les différents dispositifs nationaux et bretons selon les 3 champs de la lutte contre le décrochage (prévention, intervention et remédiation) ainsi que les modalités de repérage et de mise en relation des décrocheurs.

Autre archive

GREF Bretagne – mai 2017 (Mise à jour mars 2022)
Directrice de la publication : Magalie Bibard
Responsable de publication : Florence Barbin
Information et Rédaction : Catherine Le Duff, Céline Vivent et Martine Agatensi-Manach en collaboration avec Nolwenn Melchior, Conseil Régional de Bretagne.